James fixait le plafond, un sourire aux lèvres. C'était bien la première fois depuis longtemps. D'habitude, il profitait de ces quelques instants de tranquilité pour respirer un peu. C'étaient les seuls moments où Jim ne l'épiait pas.

Jim. Son compagnon depuis l'enfance. Celui avec qui il partageait tout. Son confident, son meilleur ami, son frère. Ils n'avaient aucun secret l'un pour l'autre, ils étaient toujours ensemble, inséparables. Les meilleurs compagnons qui soient... enfin, au début.

Parce qu'il avait fini par s'appercevoir de la duplicité de Jim. Oh, cela n'avait pas été facile. C'est qu'il était retors, l'animal. Mais il ne pouvait plus tromper James, oh non. Il ne tomberait plus dans le piège, Jim ne l'aurait plus. Ni ses sourires, ni ses blagues, ni ses clins d'oeil, rien. Bien sûr, James faisait comme si de rien n'était, mais sous ses dehors insouciants et heureux, il savait.

Il avait remarqué comment sa mère appelait toujours Jim en premier, jamais lui. Il avait remarqué comment elle posait toujours le regard d'abord sur Jim. Toujours Jim. C'était également sa faute si les filles n'approchaient pas, il le savait. Jim les faisait fuir, c'était évident. Il était toujours là, même quand James aurait préféré être seul. Toujours à observer, à écouter, à l'espionner.

Heureusement, James n'était pas idiot. Il avait réfléchi, pendant ces nuits où il ne dormait pas, pendant que Jim ronflait à côté de lui. Ils partageaient même leur lit ! C'était insupportable, mais il avait conçu un plan. Il avait dû être discret, evidemment, puisque Jim ne le lâchait jamais. Mais ca avait marché.

Discrètement, après le repas, il avait posé la main sur le couteau, et l'avait enfoui dans sa poche. Et Jim n'avait rien vu ! C'était exaltant, de savoir qu'enfin il allait pouvoir se débarasser de ce parasite qui lui pourissait la vie. De ce salopard. De ce traître.
Lentement, il sortit le couteau de sa cachette, en faisant bien attention à ne pas bouger trop vite. Il ne fallait surtout pas réveiller Jim. Du moins, pas maintenant.

Serrant son arme fermement, il la posa sur la gorge de Jim, et commenca à scier. Celui-ci se reveilla en sursaut, alors que les dents lui entamaient les chairs, et tenta de se relever, mais le poids de James le maintint allongé. Hurlant de douleur, il tenta bien de bloquer le bras assassin, mais le métal fouillait dans la viande, et déja son sang se répandait, et son cri se muait en gargouillis inintelligible.

James savoura l'expression de terreur mélée de douleur qu'il lisait sur le visage ensanglanté de Jim, à quelques centimètres du sien. Enfin, la tête de Jim retomba, inerte, et James sût qu'il avait réussi. Plus jamais, il n'aurait à subir son regard. Exténué, il lâcha son arme, et se laissa aller sur les draps poisseux de sang. Il ferma les yeux, un sourire aux lèvres, content de lui. Demain, rien ne serait plus comme avant.

Le lendemain matin, leur mère s'évanouit en découvrant leur corps sans vie. On attribua la mort des frères siamois Jim et James à un suicide.